Mieux soigner les Guyanais et accompagner la création du CHRU de Guyane
En 2018 la Guyane se dotait d’un nouveau Projet régional de santé, centré sur la question essentielle des inégalités d’accès aux soins et des carences qui affectent les parcours de soins, ainsi que la faible efficience des services de santé de la Guyane.
Pour chacun de ces sujets, l’ambition consistait à renforcer l’accès aux droits et aux soins des plus fragiles et des plus isolés, à mieux lutter contre les pathologies caractéristiques du contexte guyanais, à mieux prévenir, repérer et traiter les handicaps, à repenser le positionnement des centres délocalisés de prévention et de soins, à faire bon usage des outils numériques et de télémédecine, et, plus généralement, à structurer une offre de soins cohérente, accessible, sûre et légitime aux yeux de la communauté guyanaise .
Il s‘agissait en tout premier lieu de structurer le système de santé territorial pour rendre l’offre de soins plus lisible, plus aisée à coordonner pour les professionnels et plus facile à utiliser pour la population.
Les objectifs fixés, à partager entre tous les acteurs de santé pour constituer leur feuille de route collective, étaient les suivants :
- en premier lieu, l’organisation entre les trois centres hospitaliers d’un projet médical partagé, qui devra se traduire par la déclinaison progressive de fédérations inter hospitalières organisant le rapprochement de leurs activités médicales, puis par la préfiguration d’un Groupement Hospitalier de Territoire, selon des modalités qui feront nécessairement débat, mais que suggèrent déjà plusieurs projets structurants, tels le projet de pilotage partagé des Centres Délocalisés de Prévention et de Soins (ou centres de santé) et le groupement de coopération sanitaire en charge de la e-santé, qui associe d’ailleurs les acteurs médicosociaux ;
- parallèlement, le nécessaire rééquilibrage de l’offre sur le territoire, en renforçant l’offre de soins et l’offre médicosociale sur l’Ouest Guyanais et sur les fleuves, à partir des principaux centres de santé (ou CDPS) ;
- évidemment, la mise en œuvre en Guyane d’une offre de cardiologie et de neurologie interventionnelles, gage pour les guyanais de disposer des mêmes chances que les français des autres régions ; le renforcement de la prise en charge et de l’accompagnement périnatal, en déployant de nouvelles approches plus globales, permettant de mettre en place une politique d’éducation pour la santé sexuelle et reproductive depuis le plus jeune âge jusqu’à la parentalité, de repérer et diagnostiquer au plus tôt les problèmes et les risques, d’accompagner les personnes au plus près, en les soutenant dans leurs choix ;
- le développement de parcours de vie pour les personnes atteintes de maladies chroniques, qui accompagnent et prennent en charge la personne depuis la prévention jusqu’aux soins et à la prise en charge médicosociale et en particulier les parcours nutrition-santé (maladies métaboliques) et VIH/SIDA qui ont le plus d’impact en Guyane ;
- bien entendu, la mise en œuvre du virage ambulatoire, qui suppose le renforcement de l’offre de premier recours, avec, sur le littoral, l’accompagnement au montage de Maison Pluri professionnelles de Santé, et, en territoires de l’intérieur, l’accompagnement des CDPS vers le droit commun, ainsi que le renforcement de la chirurgie ambulatoire, notamment en organisant le lien et la communication ville-hôpital ;
- ensuite, l’ambition du Centre Hospitalier de Cayenne de compléter demain sa mission de soins par les missions dévolues en métropole à un Centre hospitalier universitaire, avec l’ouverture d’une UFR médecine pour permettre l’universitarisation des études de médecine, et le développement d’un pôle de recherche européen en médecine tropicale ;
- enfin, la préparation de notre système de soins à la réponse aux risques d’épidémies d’arboviroses et en particulier de la dengue, en travaillant sur toute la chaîne, depuis la prévention jusqu’à la gestion de crises hospitalières, en passant par la prise en charge des personnes.
Depuis ces travaux en profondeur menés en 2018, l’offre de soins et la situation sanitaire ont été profondément modifiées, du fait notamment de la crise COVID. Le GHT a été créé et a porté un renforcement massif de l‘offre en soins critiques. Plusieurs filières majeures comme celle de la biologie et fait un saut qualitatif inédit. Des coopérations nouvelles ont émergé entre le secteur public et le secteur privé, ainsi qu’entre l’hôpital et l’aval hospitalier. Le développement du numérique en santé a été acceléré. Les objectifs posés dans le PRS sont toujours d’actualité mais des avancées concrètes ont déjà eu lieu et surtout un nouveau projet majeur s’est imposé : la création d’un CHRU de Guyane.
Quoi faire dans ce CHRU ? Quelles nouvelles activités et filières sont à développer ? Comment positionner les 3 centres hospitaliers et le réseau des CDPS pour que l’offre soit la plus complète et coordonnée possible ? Pour répondre à ces questions nous avons choisi de retravailler le PRS, afin que celui-ci décrive plus précisément ces orientations, donne de la visibilité à toutes les parties prenantes encourage et soutienne tous les projets qui vont dans ce sens.
C’est donc pour mieux accompagner le développement de l’offre et la création du CHRU de Guyane que nous avons rédigé tous ensemble ce nouveau Projet régional de santé Guyane. Nous adressons nos remerciements les plus chaleureux à toutes celles et ceux qui se sont mobilisés pour nous y aider, et assurons à tous et toutes notre plein engagement à le faire vivre !
Clara de Bort
Directrice générale de l' ARS Guyane