La présence de mercure dans l’environnement guyanais s’explique par trois sources majoritaires :
- La présence naturelle de mercure dans les sols (10%)
- L’utilisation du mercure dans le cadre de l’activité humaine (30%)
- La remobilisation du mercure naturellement présent (60%)
Le mercure est présent naturellement dans les sols, cependant sa diffusion est largement due aux activités humaines. Depuis plusieurs décennies, les techniques d’orpaillage reposent sur l’utilisation de mercure. En addition, l’orpaillage et la déforestation érodent et lessivent les sols naturellement riches en mercure minéral, entraînant sa sédimentation puis sa méthylation qui en fait un composant toxique absorbable par les poissons. Par ces deux sources de diffusion du mercure, l’activité minière est responsable d’une contamination forte et répétée de l’environnement, augmentant les risques pour la santé des populations locales.
En effet, en fin de chaîne alimentaire, c’est l'humain qui consomme ce méthylmercure (forme organique neurotoxique du mercure) à l’origine de troubles de l’équilibre, mais aussi de retards de croissance et psychomoteurs chez les enfants. L’exposition alimentaire des femmes enceintes est particulièrement préoccupante, et peut entraîner des lésions du cerveau et des altérations du système nerveux chez l’enfant à naître.
Le mercure est toxique même à faible dose ; la Haute Autorité de Santé recommande depuis 2017 de ne pas dépasser 1.5 µg/g chez les enfants de moins de 6 ans pour limiter les effets critiques. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit un seuil à 10 µg/g au-delà duquel des effets délétères ont quantifiables, en particulier chez les femmes enceintes et les enfants.
La consommation de poissons présents dans les fleuves représente la principale source d’exposition à ce composé, notamment celle de poissons prédateurs puisque la concentration en mercure augmente le long de la chaîne alimentaire du fait de sa bioaccumulation
Les populations les plus touchées sont celles consommant de façon très régulière les poissons des fleuves, généralement les personnes vivant sur les berges et en amont de l’Oyapock et du Maroni.
Les personnes consommant régulièrement (au moins deux fois par mois) des poissons prédateurs piscivores vivant dans les fleuves de Guyane sont particulièrement concernées par l’exposition au mercure. Parmi les espèces les plus courantes, l’aïmara, la torche tigre et le jamais goûté présentent régulièrement des concentrations dépassant les valeurs de commercialisation.
Les personnes les plus à risque parmi ces consommateurs sont avant tout les femmes enceintes, allaitantes, et les enfants de moins de sept ans, pour qui le mercure a des conséquences néfastes sur le système nerveux et le développement psychomoteur.
A l’échelle individuelle, il est possible de limiter l’absorption de mercure en adaptant son alimentation. Pour les personnes à risque, il est ainsi préconisé de :
- Varier son alimentation
- Consommer, dans la mesure du possible, au moins un fruit par jour (protège contre une forte bioaccumulation en méthylmercure)
- Substituer la consommation de poissons prédateurs piscivores par celle d’espèces moins contaminées, notamment pour les femmes enceintes et les enfants de moins de sept ans