Plomb et saturnisme

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Le plomb est toxique pour l’organisme. Ingéré ou inhalé, il est responsable de troubles du système nerveux et digestif. L'intoxication au plomb, appelée saturnisme, correspond à une plombémie supérieure à 50µg/L et est une maladie à déclaration obligatoire (DO) en France chez les mineurs.

Le premier cas de saturnisme infantile en Guyane a été détecté dans la commune de Mana en 2011. Il a permis d’identifier plusieurs autres cas parmi l’entourage proche, et ainsi de déclencher des études destinées à comprendre les sources spécifiques d’exposition au plomb en Guyane.

En effet, l’intoxication au plomb est particulièrement préoccupante sur le territoire guyanais. Le taux d’incidence y est près de soixante fois plus élevé qu’en métropole, avec une prévalence de 20% du saturnisme chez les 1-6 ans

En Guyane, c’est l’alimentation qui est généralement à la source de l’intoxication. Ainsi, l’utilisation quotidienne de plombs de chasse (et, dans une moindre mesure, de pêche) laisse des particules de métal dans la viande, nuisant ainsi à la santé des chasseurs et des consommateurs. 

Certains aliments, comme le couac et ses dérivés, présentent également une concentration en plomb non négligeable, sans qu’une source spécifique ne soit encore identifiée à l’état actuel des recherches. 

Il est à noter qu’en métropole les sources de plomb et les recommandations associées sont spécifiques au territoire et donc peu pertinentes en Guyane. On y évoque généralement les peintures et canalisations anciennes, l’essence au plomb, ou l’utilisation de certains objets culturels ou cosmétiques traditionnels contenant du plomb.

En Guyane, les populations vivant sur les fleuves et les personnes en situation précaire sont les premières concernées. En effet, l’intoxication au plomb est corrélée à des facteurs tels que l’isolement géographique, le niveau socio-économique, ainsi que le manque d’accès aux soins et de suivi lors de la grossesse.

Du  fait  de  son caractère  neurotoxique,  les  populations  les  plus  à  risque  face  au plomb sont les enfants et les femmes enceintes, et ce dès leur premier trimestre. Cela représente une population particulièrement importante en Guyane. Chez le jeune enfant, on considère qu’il n’existe pas d’effet seuil, c’est-à-dire que la toxicité du plomb a des conséquences même à très faible dose, et peut entraîner des troubles neurologiques irréversibles.

Le moyen le plus efficace de se protéger contre l’intoxication au plomb est d’éviter tout contact avec ce métal (batteries, déchets métalliques, alimentation…).

Dans le cadre de l’utilisation de plombs de chasse : ne pas manipuler le plomb à mains nues, retirer les plombs de la viande que l’on consomme à l’aide d’un couteau, bien se laver les mains avant de la manipuler ou cuisiner.

Il est également recommandé de varier son alimentation au maximum, puisque l’intoxication survient lors d’une exposition prolongée et répétée au métal.

L’intoxication au plomb se manifeste généralement par des signes cliniques peu spécifiques, et donc difficilement identifiables : troubles digestifs vagues, troubles du comportement, de l'attention et du sommeil, mauvais développement psychomoteur, ou encore anémie peuvent être révélateurs d’une forte plombémie. Celle-ci est mesurable par prélèvement sanguin, prescrit aux personnes présentant des facteurs de risque. 

La plombémie de dépistage (consultation et acte) est entièrement prise en charge, de même que le suivi des enfants dont la plombémie excède les 50µg/L.

En cas de suspicion d’intoxication au plomb chez l’enfant mineur, les familles peuvent demander la prescription d’un dosage de plombémie. Si celle-ci atteint les 50µg/L (cas de saturnisme), l’ARS recueille la déclaration obligatoire et assure la réalisation d’une enquête environnementale afin de déterminer chez chaque mineur la ou les sources d’exposition présentes dans son environnement.

Dans le cadre de la Stratégie Métaux Lourds, l’ARS de Guyane a pour objectif de réduire l’exposition des guyanais aux métaux lourds. Elle travaille conjointement avec la Préfecture et d’autres acteurs du territoire afin d’initier un changement des pratiques et protéger l’ensemble de la population.

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